Edito du Monde: France-Angleterre. Vive la reprise du tournoi des 6 Nations!!

Publié le par Deletang

Peu importe de savoir qui a tiré en premier, messieurs les Anglais ou messieurs les Français. La bouffée d'anglophobie qui saisit ces jours l'équipe au pouvoir à Paris trahit son désarroi à ce moment précis de la crise de l'euro. Cette crispation antibritannique - venant après la germanophobie d'une partie de la gauche - ne servira à rien. Elle est indigne. Elle traduit le piètre état de l'Union européenne en ce début de XXIe siècle.

De quoi s'agit-il ?

Dans quelques jours, peut-être d'ici à la fin de la semaine, les officines de notation au service des marchés - les Standard & Poor's, Fitch et autre Moody's - devraient dégrader la note de la dette publique française. Ce n'est pas sans effet. Les marchés devraient exiger ensuite une rémunération plus élevée pour souscrire aux emprunts émis par Paris pour payer ses dettes. Cela pèsera sur nos finances publiques. On comprend que le gouvernement ne soit pas enchanté ou trouve cela injuste et injustifié.

Mais sa réaction préventive a été affligeante. Elle a consisté à dire aux agences de notation : " Vous vous trompez de cible ; la situation est pire en Grande-Bretagne ; c'est Londres qu'il faut dégrader. " On est dans le réflexe boutonneux, préadolescent, dans la cour de récréation : " M'sieur, c'est pas moi, c'est l'autre "... La classe !

A ce manque d'élégance teigneux, on peut trouver quelques explications - mais pas d'excuses. Les officiels britanniques ont eu des mots inacceptables. Ils ont comparé la France à la Grèce. Ils ont dit ouvertement leur scepticisme sur la survie de l'euro. Ils ont réaffirmé, mardi 20 décembre, qu'ils n'auraient pas un geste pour aider l'union monétaire. Avec de tels amis, les ennemis sont inutiles. Il n'empêche : la réaction de Paris n'a pas de sens. Les deux pays sont dans des situations comparables. Menacés de récession, minés par le chômage, en proie aux émeutes des quartiers difficiles. La France a des atouts que le Royaume-Uni n'a pas : peu d'inflation dans la zone euro, alors qu'elle explose outre-Manche ; des finances publiques en meilleur état - fin 2010, le défi à Londres était de 10,7 % et de 7,1 % à Paris ; enfin, le taux d'endettement des ménages français est presque moitié moindre que celui des Britanniques. Mais le royaume a des points forts qui manquent à la France. Londres a une dette publique mieux échelonnée. Les Britanniques ont voté pour une coalition qui affiche clairement son programme : l'austérité. Même si le blitz budgétaire a suscité des manifestations comme le pays en a rarement connues. Surtout, la Banque d'Angleterre n'est pas liée par les règles de la zone euro. Elle intervient pour maintenir le coût de la dette publique à un niveau tolérable. Les agences de notation et les marchés ne voient que cela. Et, pour cette raison, la livre sterling est devenue une valeur refuge, l'euro une valeur que l'on fuit.

Telle est la réalité, nuancée. Pleurnicher n'y changera rien.

Publié dans Politique

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